Apéritif bleu marine

Tuer quelqu’un, c’est comme braquer une banque. D’abord, tu places poliment une arme sous le nez des employés. Après, tu sors calmement avec l’argent. Puis, tu salues aimablement au passage les gendarmes. Ensuite, tu rentres tranquillement chez toi, sans qu’aucune liasse ne t’explose au visage en maculant ton butin d’un produit indélébile. Puis, tu franchis élégamment la frontière. Enfin, tu profites sereinement de ton butin dans un pays sans d’accord d’extradition. Simple, non…

Assassiner plusieurs personnes reste un peu plus compliqué. Jenny comme Annabella souhaitaient faire passer leurs maris à la trappe, Moira son cousin et Kazuo se libérer de son giri. Quant à moi, cela ne vous regarde pas. Cela constituait un véritable casse-tête. Pas question de renoncer !

Pourtant, avec un seul cheveu, la police scientifique et la médecine médico-légale, découvrent le film regardé à la télé trois jours avant et le détail d’un repas pris depuis plusieurs mois. Entre la vidéo-surveillance, le bornage téléphonique et l’analyse de notre disque dur, notre vie la plus intime ne posséde plus aucun secret. Même sans cadavre ni mode opératoire, nous serons condamnés pour guet-apens et homicide volontaire avec préméditation, en bande organisée. Mobile ou pas, nous risquons la prison à perpétuité. Pas très sympa !

Avec notre premier invité, il ne restait qu’à trouver le bon mode opératoire, sans pour autant mépriser les plaisirs de la table. Attiré par les femmes, l’alcool et l’argent, il suffisait de le séduire et de monter un boniment sur un prétendu trésor englouti pour l’entraîner dans les abysses de ses mirages. Pas très compliqué !

Attention, il fallait tout envisager surtout l’imprévisible. Un seul petit grain sable enrayerait cette mécanique parfaitement huilée. Rassurez-vous, nous sommes méthodiques, précautionneux et prudents. Comment ? Je prétends cela pour me rassurer ? C’est fort possible.

Bref, nous nous apprêtions à commettre, un premier crime parfait. Les autres viendraient ultérieurement.